Répétitions de conclave. Ces questions trop oubliées sur Dieu et sur l’homme

Il suf­fit de jeter un œil aux deux der­niers actes du pon­ti­fi­cat de François, la réfor­me décou­sue de la Curie et le pro­cès sur­réa­li­ste pour les cata­stro­phes finan­ciè­res de la Secrétairerie d’État pour com­pren­dre à quel point ce der­nier s’achève à la déri­ve, d’autant plus qu’il s’agit de deux poin­ts clés de l’agenda que le con­cla­ve de 2013 avait con­fié à ce nou­veau pape qu’on avait été cher­ché « au bout du mon­de ».

Ce con­cla­ve reste­ra dans l’histoire com­me le plus médio­cre et le plus mon­dain du siè­cle der­nier, puisqu’il s’est joué sur des que­stions ter­re à ter­re tel­les que les pou­voirs de la Curie, le mépris pour les can­di­da­ts ita­liens, la riva­li­té entre cen­tre et péri­phé­rie et les déboi­res finan­ciers. C’est-à-dire ces que­stions mêmes qui ava­ient pris le pas sur le pon­ti­fi­cat de Benoît XVI en repous­sant à la mar­ge ses pro­pres prio­ri­tés, qu’il aura prê­chées inlas­sa­ble­ment à une Église trop distrai­te pour en com­pren­dre l’importance.

Les prio­ri­tés sur lesquel­les Joseph Ratzinger insi­stait éta­ient et restent ces que­stions capi­ta­les qui sont vita­les pour l’Église. Il les avait évo­quées dans sa mémo­ra­ble homé­lie « pro eli­gen­do pon­te­fi­ce » du 18 avril 2005, à la veil­le de son élec­tion au pon­ti­fi­cat. Ce sont ces mêmes que­stions qu’il avait répé­tées dans sa tou­chan­te let­tre aux évê­ques du 10 mars 2009 :

« À notre épo­que où dans de vastes régions de la ter­re la foi risque de s’éteindre com­me une flam­me qui ne trou­ve plus à s’alimenter, la prio­ri­té qui pré­do­mi­ne est de ren­dre Dieu pré­sent dans ce mon­de et d’ouvrir aux hom­mes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quel­con­que, mais à ce Dieu qui a par­lé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous recon­nais­sons le visa­ge dans l’amour pous­sé jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) – en Jésus Christ cru­ci­fié et res­su­sci­té. […] Conduire les hom­mes vers Dieu, vers le Dieu qui par­le dans la Bible : c’est la prio­ri­té suprê­me et fon­da­men­ta­le de l’Église et du Successeur de Pierre aujourd’hui ».

Et aujourd’hui ? Les que­stions qui occu­pent le devant de la scè­ne dans l’Église sont cel­les qui sont impo­sées par la cul­tu­re domi­nan­te : le cler­gé marié, les fem­mes prê­tres, l’homosexualité éri­gée en ver­tu, la démo­cra­tie au lieu de la hié­rar­chie. Avec son « che­min syno­dal », l’Église d’Allemagne est emblé­ma­ti­que de cet­te sou­mis­sion à l’esprit du temps, même si le Pape François lui a don­né une peti­te tape sur les doig­ts en public et en pri­vé – la der­niè­re fois, le 28 mars der­nier, en rece­vant en audien­ce le chef des évê­ques de Pologne, très inquiet – mais sans que les fau­teurs de trou­ble ne recu­lent d’un pou­ce, du car­di­nal de Munich Reinhard Marx au pré­si­dent des évê­ques alle­mands Georg Bätzing, en pas­sant par le car­di­nal et rap­por­teur géné­ral du syno­de sur la syno­da­li­té Jean-Claude Hollerich, qui con­si­dè­rent tous que la mora­le sexuel­le tel­le qu’elle se trou­ve dans le Catéchisme de l’Église catho­li­que a vécu, et pas seu­le­ment elle.

Au pro­chain con­cla­ve, il ne fait aucun dou­te que cer­tains car­di­naux essaye­ront de remet­tre les mêmes thè­mes au cen­tre des déba­ts pour le choix d’un nou­veau Pape. En lais­sant à nou­veau de côté les véri­ta­bles que­stions sur lesquel­les l’Église tient ou tom­be.

Le pre­mier juil­let 2009, quel­ques jours avant que Benoît XVI n’écrive aux évê­ques du mon­de entier la let­tre dont nous venons de par­ler, un car­di­nal s’est expri­mé, éton­nam­ment en har­mo­nie avec lui, dans une con­fé­ren­ce inti­tu­lée :

> Le prio­ri­tà del pon­ti­fi­ca­to di Benedetto XVI

Ce car­di­nal, c’était Camillo Ruini, aujourd’hui âge de quatre-vingt-dix ans qui, lorsqu’il était vicai­re du dio­cè­se de Rome et pré­si­dent de la Conférence épi­sco­pa­le ita­lien­ne, a été l’instigateur d’un « pro­jet cul­tu­rel » pour l’Église dans la socié­té d’aujourd’hui qui a don­né nais­san­ce à deux grands col­lo­ques inter­na­tio­naux, le pre­mier en 2009 sur le thè­me « Dieu aujourd’hui. Avec lui ou sans lui, rien n’est pareil » et le second en 2012 sur « Jésus, notre con­tem­po­rain », pour con­fir­mer com­bien il croyait réel­le­ment à ces prio­ri­tés.

Ces prio­ri­tés sont tou­jours actuel­les, pour le car­di­nal Ruini com­me pour d’autres car­di­naux élec­teurs, mal­gré la pro­pa­ga­tion d’une vague reli­gion natu­rel­le dont l’emblème est l’appel signé le 4 octo­bre der­nier par le Pape François avec le patriar­che œcu­mé­ni­que de Constantinople Bartholomée Ier, le patriar­che de Moscou Cyrille, le grand imam d’Al-Azhar Ahmed Al-Tayyeb et d’autres respon­sa­bles reli­gieux à la veil­le de la con­fé­ren­ce de Glasgow sur le chan­ge­ment cli­ma­ti­que, et dans lequel le mot « Dieu » n’apparait pas une seu­le fois dans les 2350 mots que comp­te cet­te décla­ra­tion, pas plus que les mots « créa­teur », « créa­tion » ou « créa­tu­re ».

*

Le tex­te qui va sui­vre est le com­men­tai­re du car­di­nal Ruini sur un essai récent et sti­mu­lant d’un spé­cia­li­ste en scien­ces sta­ti­sti­ques, Roberto Volpi, inti­tu­lé « Dio nell’incerto » et qui abor­de pré­ci­sé­ment les que­stions der­niè­res sur Dieu et sur l’homme à la lumiè­re des théo­ries des pro­ba­bi­li­tés, des der­niè­res décou­ver­tes de la scien­ce, dans la fou­lée des réfle­xions de Ratzinger et, avant lui, de cel­le du grand mathé­ma­ti­cien et phi­lo­so­phe chré­tien Blaise Pascal.

Nous repro­dui­sons ci-dessous la pre­miè­re moi­tié du tex­te de Ruini, déjà publié le 22 février par le quo­ti­dien « Il Foglio », cel­le con­sa­crée à la que­stion du Dieu, à par­tir du « pari » de Pascal, de l’invi­ta­tion de Ratzinger adres­sée à l’homme d’aujourd’hui de vivre « com­me si Dieu exi­stait » et des que­stions scien­ti­fi­ques sur le Big Bang à l’origine de l’univers.

Dans quel­ques jours, Settimo Cielo repro­dui­ra la secon­de moi­tié de ce tex­te, cel­le qui est con­sa­crée à la que­stion sur l’homme.

Bonne lec­tu­re !

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I — La question de Dieu

de Camillo Ruini

« Dio nell’incerto » [Dieu dans l’incertitude] est le titre du livre du sta­ti­sti­cien Roberto Volpi, publié fin 2021, que j’ai lu avec gran­de atten­tion et grand plai­sir. L’auteur se pose les deux que­stions fon­da­men­ta­les qui sont, ou qui à tout le moins devra­ient être, au cen­tre de nos préoc­cu­pa­tions. La pre­miè­re est la que­stion sur Dieu, la secon­de est la que­stion sur l’homme, à laquel­le fait allu­sion le sous-titre de l’ouvrage : « L’altra scom­mes­sa di Sapiens » [L’autre pari de Sapiens].

Ces deux pro­blè­mes sont abor­dés du point de vue du sta­ti­sti­cien, c’est-à-dire du cal­cul des pro­ba­bi­li­tés. Volpi se pla­ce donc dans la fou­lée du au célè­bre pari sur Dieu pro­po­sé il y a qua­tre siè­cles par Blaise Pascal, en la replaçant dans le con­tex­te actuel, avec son aug­men­ta­tion con­si­dé­ra­ble de con­nais­san­ces scien­ti­fi­ques. Il choi­sit en outre com­me inter­lo­cu­teur pri­vi­lé­gié Joseph Ratzinger, le pape émé­ri­te, en rela­nçant « sans esprit par­ti­san » le grand défi entre créa­tion et évo­lu­tion, entre Dieu et le hasard. La pre­miè­re par­tie du livre et la con­clu­sion sont con­sa­crés à la que­stion sur Dieu. La secon­de, troi­siè­me et qua­triè­me par­tie à la que­stion sur l’homme.

Dans la pre­miè­re par­tie et dans la con­clu­sion, en plus de Dieu, Volpi par­le de la théo­rie de la pro­ba­bi­li­té qui trou­ve son ori­gi­ne dans la pra­ti­que du pari, prin­ci­pa­le­ment dans l’œuvre du grand phi­lo­so­phe et mathé­ma­ti­cien Pascal. En l’appliquant à Dieu, Pascal en pose les « fon­de­men­ts cul­tu­rels les plus pro­fonds » et en fait une disci­pli­ne et une scien­ce, il la pla­ce dans une dimen­sion phi­lo­so­phi­que qu’elle n’aurait jamais eue si elle était restée cir­con­scri­te au cal­cul com­bi­na­toi­re.

On doit éga­le­ment à Pascal d’avoir eu l’intuition qu’il n’était pas pos­si­ble de cal­cu­ler les pos­si­bi­li­tés de gagner si on ne cal­cu­le pas d’abord les pro­ba­bi­li­tés de per­dre. Même exi­sten­tiel­le­ment, il faut accep­ter jusqu’au bout l’incertitude, la pro­ba­bi­li­té de per­dre, si l’on veut cul­ti­ver l’espérance de gagner. La pro­ba­bi­li­té est une scien­ce, la métho­de scien­ti­fi­que qui accep­te l’incertitude. Dans un mon­de tou­jours plus com­ple­xe, dans lequel le domai­ne du pro­ba­ble est bien plus éten­du que celui de la cer­ti­tu­de et de celui de l’impossible, la pro­ba­bi­li­té est la métho­de la plus effi­ca­ce et indi­spen­sa­ble, la seu­le qui per­met­te de par­ve­nir à des résul­ta­ts com­ple­ts et cohé­ren­ts.

En reve­nant à la que­stion de Dieu, Pascal part de deux pré­mis­ses. L’existence com­me la non-existence de Dieu ne peut être prou­vée par la rai­son humai­ne : du fait même qu’il vive, l’homme est con­traint à choi­sir entre vivre com­me si Dieu exi­stait et vivre com­me s’il n’existait pas. Et cela même quand il choi­sit ne pas choi­sir, par­ce que croi­re de ne pas choi­sir équi­vaut à choi­sir de ne pas croi­re. Toujours selon Pascal, il faut miser sur l’existence de Dieu par­ce que si on gagne, on gagne tout, c’est-à-dire une infi­ni­té de vie bie­n­heu­reu­se, et si l’on perd, on ne perd rien. Cette der­niè­re affir­ma­tion a été très cri­ti­quée mais, de l’avis de Volpi, Pascal juge qu’il n’y a rien à per­dre « selon le cri­tè­re de ses idées mora­les, de sa con­scien­ce ».

Voyons à pré­sent com­ment Volpi actua­li­se le pari de Pascal. L’incertitude pre­miè­re et fon­da­men­ta­le con­cer­ne la que­stion : com­ment notre uni­vers est-il né ? Pour répon­dre on ne peut que par­tir du Big Bang, mais tout de sui­te une autre que­stion se pré­sen­te : com­ment est né le Big Bang ? Sur ce point, nous ne savons et nous ne pour­rons jamais rien savoir de véri­fia­ble scien­ti­fi­que­ment, nous ne pou­vons que for­mu­ler des hypo­thè­ses, des con­jec­tu­res.

Actuellement, l’hypothèse la moins impro­ba­ble est l’hypothèse quan­ti­que, mais il y en a d’autres et tou­tes ne reste­ront à jamais que des hypo­thè­ses. En plus de ces der­niè­res, il y a cel­le que nous pou­vons appe­ler « l’hypothèse Dieu », elle aus­si cer­tai­ne au-delà de la scien­ce, et même enco­re plus au-delà de la scien­ce pui­sque sur l’hypothèse quan­ti­que et sur les autres hypo­thè­ses, on peut for­mu­ler des théo­ries, des con­jec­tu­res et des cal­culs scien­ti­fi­ques tan­dis que sur l’hypothèse Dieu, on ne peut pas.

Pour cet­te rai­son, la gran­de majo­ri­té de la com­mu­nau­té scien­ti­fi­que exclut l’hypothèse Dieu mais, obser­ve Volpi, c’est une erreur. Si l’on rai­son­ne sur ce qu’il y a avant le Big Bang, il faut en réa­li­té s’aventurer sur le ter­rain des pro­ba­bi­li­tés ; aus­si bien l’hypothèse quan­ti­que (et les autres de type scien­ti­fi­que) que l’hypothèse Dieu ne peu­vent être éva­luées qu’en ter­mes de pro­ba­bi­li­té, avec les instru­men­ts pré­vus par cet­te scien­ce qu’est la pro­ba­bi­li­té.

De plus, l’hypothèse Dieu, de ce point de vue, serait net­te­ment pré­fé­ra­ble, puisqu’elle est plei­ne­ment défi­nie en elle-même et qu’elle ne dépend pas de sous-hypothèses, tan­dis que l’hypothèse quan­ti­que néces­si­te de nom­breu­ses sous-hypothèses, et que cha­cu­ne d’elles est hau­te­ment impro­ba­ble.

Mais en réa­li­té, on ne pour­ra jamais par­ve­nir à savoir laquel­le de ces hypo­thè­ses s’avérera gagnan­te, étant don­né que tou­tes deux sont invé­ri­fia­bles. Donc aucun pari n’est fai­sa­ble. Ou mieux, con­clut Volpi, il y a un pari qu’on peut tou­jours fai­re, et c’est celui de Pascal, un pari dont le book­ma­ker et le juge est notre con­scien­ce : beau­coup sur le plan moral, rien sur le plan scien­ti­fi­que.

Ensuite, son ana­ly­se revient sur Joseph Ratzinger, qui con­si­dè­re pou­voir démon­trer non pas l’existence mais la « rai­son­na­bi­li­té » de Dieu. Ratzinger a l’intelligence de dépla­cer le cadre du discours : tout le mon­de peut discu­ter du carac­tè­re rai­son­na­ble ou pas de Dieu, même celui qui n’a pas la foi, par­ce qu’il se mani­fe­ste dans le cours de l’histoire. En effet, à pei­ne l’idée de Dieu est-elle avan­cée que l’immense baga­ge des mythes fon­da­teurs poly­théi­stes s’effondre com­me un châ­teau de car­tes : il est démen­ti par la sim­pli­ci­té et la ratio­na­li­té du récit bibli­que de la créa­tion, qui ramè­ne le mon­de et l’homme à la rai­son et à la paro­le de Dieu. C’est cela « l’illuminisme » déci­sif de l’histoire, qui con­fie le mon­de à notre rai­son et cet­te rai­son même à la rai­son créa­tri­ce de Dieu.

Volpi ter­mi­ne en obser­vant que quand Ratzinger a quit­té la chai­re de Pierre, le rap­pel au carac­tè­re rai­son­na­ble de Dieu s’est affai­bli, il a per­du vigueur dans l’Église. Mais peut-être y a‑t-il juste­ment dans ce rap­pel quel­que cho­se qui puis­se remet­tre en que­stion les sché­mas du match éter­nel entre croyan­ts et non-croyants en élar­gis­sant le panel de ceux qui regar­dent avec respect et con­si­dé­ra­tion le « sacré » sans pour cela répu­dier le « siè­cle ».

Personnellement, je ne peux qu’apprécier ces rai­son­ne­men­ts. Ils unis­sent à la rigueur scien­ti­fi­que une gran­de ouver­tu­re d’âme et mani­fe­stent une clai­re sym­pa­thie pour l’approche chré­tien­ne au pro­blè­me de Dieu, tel­le qu’elle est menée aujourd’hui par Joseph Ratzinger. Elle a pour cela recours à la logi­que de la pro­ba­bi­li­té, actuel­le­ment très impor­tan­te, avec une actua­li­sa­tion impor­tan­te par rap­port à Pascal.

Dans cet esprit, je pro­po­se quel­ques con­si­dé­ra­tions par rap­port à la que­stion de Dieu. Pour Volpi com­me pour Pascal, l’hypothèse Dieu, ou plus sim­ple­ment l’existence de Dieu, ne peut pas être prou­vée par notre rai­son. Cela est d’autant plus vrai quand il s’agit de la scien­ce, de la rai­son scien­ti­fi­que. Si en revan­che nous nous réfé­rons à d’autres usa­ges de la rai­son, par exem­ple à la rai­son phi­lo­so­phi­que, et sur­tout à la rai­son tout court, c’est-à-dire à cet­te capa­ci­té de con­naî­tre qui nous distin­gue des autres ani­maux, la cho­se n’est plus paci­fi­que : au con­trai­re, elle a été et con­ti­nue à fai­re l’objet d’un grand débat. L’Église elle-même, en par­ti­cu­lier lors du Concile Vatican I de 1870 et ensui­te éga­le­ment lors de Vatican II, a pris posi­tion en affir­mant que Dieu « peut être con­nu avec cer­ti­tu­de à tra­vers la lumiè­re natu­rel­le de la rai­son humai­ne à par­tir des cho­ses créées ». Du reste, c’était déjà ce que pen­sait saint Paul dans la let­tre aux Romains.

Il serait cepen­dant pro­fon­dé­ment erro­né d’y voir une oppo­si­tion pro­fon­de. Dans ces mêmes con­ci­les, on pré­ci­se en effet que dans la con­di­tion pré­sen­te du gen­re humain, la rai­son ne suf­fit pas mais que la révé­la­tion divi­ne est néces­sai­re afin que l’existence de Dieu pui­se être con­nue par tous avec une cer­ti­tu­de fer­me et sans être mêlée d’erreurs. En réa­li­té, nous ne pou­vons pas trai­ter Dieu com­me un objet par­mi d’autres, com­me quel­que cho­se que nous pour­rions domi­ner par notre rai­son.

La cer­ti­tu­de con­cer­nant Dieu est pro­fon­dé­ment dif­fé­ren­te de tou­tes les cer­ti­tu­des con­cer­nant le mon­de : pour l’atteindre, nous devons nous met­tre nous-mêmes en jeu, non seu­le­ment notre rai­son mais notre liber­té et nos choix de vie. C’est une cer­ti­tu­de ration­nel­le mais éga­le­ment libre pour laquel­le il est déci­sif d’adopter une atti­tu­de « d’écoute hum­ble », com­me l’a sou­li­gné Joseph Ratzinger. Une cer­ti­tu­de, je le dis en tant que croyant, pour laquel­le Dieu tra­vail­le en nous.

Toujours selon Ratzinger, je con­si­dè­re vali­de la secon­de pré­mis­se de Pascal, c’est-à-dire que nous som­mes con­train­ts de choi­sir entre vivre com­me si Dieu exi­stait et vivre com­me s’il n’existait pas. L’agnosticisme, en effet, peut être sou­te­nu théo­ri­que­ment mais en pra­ti­que, il n’existe pas, con­cer­nant Dieu, de réel espa­ce de neu­tra­li­té, pour la rai­son déjà invo­quée par Pascal.

Jusqu’à pré­sent, nous nous som­mes pen­chés sur la que­stion de Dieu, voyons à pré­sent com­ment Roberto Volpi répond à l’autre gran­de que­stion, cel­le sur l’homme…

[sui­te dans un pro­chain arti­cle de Settimo Cielo]

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Sandro Magister est le vati­ca­ni­ste émé­ri­te de l’heb­do­ma­dai­re L’Espresso.
Tous les arti­cles de son blog Settimo Cielo sont dispo­ni­bles sur ce site en lan­gue fra­nçai­se.

Ainsi que l’in­dex com­plet de tous les arti­cles fra­nçais de www.chiesa, son blog pré­cé­dent.

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Date de publication: 7/04/2022