Cardinal Sarah : Le chant grégorien, du silence de l’âme unie à Jésus au silence de Dieu dans sa gloire

Nos con­tem­po­rains qui sont, à juste titre, si sen­si­bles au thè­me des droi­ts de l’homme, devra­ient réflé­chir à cet­te vio­la­tion d’un droit essen­tiel : celui de l’intimité de l’âme et de sa rela­tion uni­que et inef­fa­ble avec son Créateur et Rédempteur. Or, j’affirme que cer­tai­nes for­mes de musi­que et de chant enten­dus dans nos égli­ses vont à l’encontre de ce droit élé­men­tai­re de la ren­con­tre de la per­son­ne humai­ne avec Dieu du fait de la rup­tu­re du silen­ce inté­rieur, que l’on bri­se com­me une digue cède sous la pres­sion d’un tor­rent de boue. C’est pour­quoi, je n’hésite pas à décla­rer avec insi­stan­ce et humi­li­té : je vous en sup­plie, si le chant rompt le silen­ce inté­rieur, celui de l’âme, qu’on y renon­ce pour le moment, et qu’on nous resti­tue d’abord le silen­ce !

Une Eglise solide dans une société liquide

Considéré com­me un vati­ca­ni­ste se tenant à bon­ne distan­ce de la lut­te doc­tri­na­le qui se joue actuel­le­ment autour du Pape, le célè­bre écri­vain ita­lien Vittorio Messori fait dans cet arti­cle un con­stat sur l’état actuel de l’Eglise à par­tir de la théo­rie de la « socié­té liqui­de » de Zygmunt Bauman. Aujourd’hui, le croyant s’inquiète du fait que même l’Eglise catho­li­que – qui était un exem­ple mil­lé­nai­re de sta­bi­li­té – sem­ble elle aus­si vou­loir deve­nir « liqui­de ». Est-ce vrai­ment ren­dre ser­vi­ce à la foi que de vou­loir rem­pla­cer le chê­ne mil­lé­nai­re de l’Eglise enra­ci­né dans le Christ par un roseau qui plo­ie dans tous les sens au moin­dre souf­fle de vent au gré des désirs et des modes humai­nes ?

Les 10 commandements du catholique postmoderne

Etes-vous un catho­li­que post­mo­der­ne? Vous reconnaissez-vous dans les 10 com­man­de­men­ts qu’un lec­teur vient de nous fai­re par­ve­nir? En voi­ci un extrait: “Tu croi­ras en Dieu en te lais­sant con­dui­re par un prin­ci­pe géné­ral de sati­sfac­tion sub­jec­ti­ve, indi­vi­duel­le ou com­mu­nau­tai­re, pro­pi­ce à ton déve­lop­pe­ment per­son­nel, dans le respect de la sen­si­bi­li­té de cha­cun et le sou­ci de la soli­da­ri­té entre tous” et aus­si “X. Au cours de célé­bra­tions eucha­ri­sti­ques, tu pour­ras et devras non seu­le­ment chan­ter mais aus­si bou­ger, dan­ser, par­ler, rire avec les autres, au lieu de prier dans le silen­ce et le recueil­le­ment. Tu pour­ras et devras ain­si t’éclater ».

La grand-mère et le théologien

Le chri­stia­ni­sme est et doit rester une cho­se sim­ple. Il doit d’a­bord con­si­ster en un témoi­gna­ge per­son­nel dans lequel on se met en jeu, on prend des risques. Le caté­chi­sme me suf­fit, un peu com­me ces bon­bons que ma grand-mère m’of­frait de temps en temps: des peti­tes dra­gées savou­reu­ses, arti­sa­na­les, pré­pa­rées selon une recet­te ance­stra­le dont je n’ai jamais oublié la saveur. Je ne l’ai jamais oubliée par­ce que j’ai vu, et si j’ai cru, c’e­st par­ce que j’ai vu la foi de ma grand-mère, une foi rudi­men­tai­re mais qui con­te­nait l’es­sen­tiel de ce qui sert au croyant. J’ai sur­tout vu la cohé­ren­ce entre ces dra­gées de doc­tri­ne qu’el­le m’of­frait et sa pro­pre vie: j’ai vu la séré­ni­té et la for­ce qui s’en déga­geait.

La véritable histoire des moines en Occident

Tout le mon­de pré­tend que les moi­nes aura­ient sau­vé les livres clas­si­ques par amour de la cul­tu­re. En réa­li­té il n’a­va­ient abso­lu­ment aucun inté­rêt ni pour la cul­tu­re ni pour les clas­si­ques de l’an­ti­qui­té. C’étaient des gens qui c’é­ta­ient reti­rés der­riè­re leurs murs pour atten­dre la fin du mon­de qu’ils croya­ient immi­nen­te. S’ils ont bel et bien créé les scrip­to­riums dans lesquels les copi­stes ont effec­ti­ve­ment réa­li­sé un tra­vail ine­sti­ma­ble, c’é­tait pour des rai­sons plu­tôt pra­ti­ques que cul­tu­rel­les. Un entretien-fleuve sans tabou avec le célè­bre écri­vain catho­li­que Vittorio Messori sur ce que fut réel­le­ment le mona­chi­sme occi­den­tal au-delà des idées reçues.

Les chorales doivent écouter les prêtres

Quand un chef de chœur et un prê­tre ont des opi­nions dif­fé­ren­tes con­cer­nant la musi­que litur­gi­que, la cho­ra­le devrait en tou­te bon­ne foi sui­vre les sou­hai­ts du prê­tre au nom de l’unité, a décla­ré le céré­mo­niai­re du Pape.

« Nous ne devrions jamais nous dispu­ter au sujet d’u­ne célé­bra­tion litur­gi­que » a décla­ré Mgr Guido Marini aux cho­ri­stes, aux chefs de chœur et aux prê­tres. « Sinon, nous tra­his­sons la natu­re même de ce que le peu­ple de Dieu devrait fai­re pen­dant la mes­se, c’est-à-dire for­mer un seul corps devant le Seigneur ».

Un prêtre belge témoigne: j’étais traditionaliste

Je suis curé de plu­sieurs parois­ses bel­ges depuis 15 ans. En parois­se, j’ai plus ou moins tout vu et tout enten­du : pains “pit­ta” à la pla­ce des hosties, absen­ces d’ornements, dik­ta­ts gro­te­sques d’équipes litur­gi­ques, célé­bra­tions plus pro­che du car­na­val que du renou­vel­le­ment du Sacrifice de la Croix… Le tout au nom de la créa­ti­vi­té pasto­ra­le. Très tôt, j’ai décou­vert ce que l’on appel­le de façon abu­si­ve “la Tradition” et la “Messe tra­di­tion­nel­le”. J’ai fré­quen­té les “fra­ter­ni­tés sacer­do­ta­les” Saint-Pierre et Saint-Pie X et j’ai ren­con­tré, hélas, beau­coup d’orgueil. Avec le recul, je me rends comp­te que mes moti­va­tions éta­ient néga­ti­ves.

Luther, un Machiavel de la foi

Si l’ef­fet évi­dent de la révo­lu­tion de Luther sur le maria­ge lui a ser­vi de pré­tex­te pour jeter le froc aux orties ain­si que pour per­met­tre aux prin­ces de répu­dier leurs épou­ses légi­ti­mes et de vivre en poly­ga­mie, c’e­st sur­tout sur le plan de la doc­tri­ne que tout allait pro­gres­si­ve­ment chan­ger. Il faut tou­jours tenir comp­te d’un élé­ment impor­tant: Luther con­si­dé­rait en per­ma­nen­ce la nobles­se ger­ma­ni­que com­me étant son inter­lo­cu­teur pri­vi­lé­gié par­ce qu’il en avait besoin pour triom­pher dans son com­bat con­tre Rome. Et la nobles­se ger­ma­ni­que, com­me cel­le des autres pays, s’op­po­sait à Rome non seu­le­ment sur des que­stions de poli­ti­que et de pou­voir mais éga­le­ment sur la doc­tri­ne du maria­ge.